Silence (25/9/17)

Si le silence se couvrait de mots à présent, ce serait presque irritant, mais il faut cependant le fouiller, le creuser, ne pas accepter son empire désolant. La qualité du silence dépend des mots qui l’ouvrent, au seuil de la nuit, préparant l’oubli de toute honte bue jusqu’à la lie, de toute insatisfaction stagnante, de tout mépris et de toute méprise. La nuit me lave de son silence que je prépare dans l’antichambre, m’habillant des quelques phrases que j’ai pu trouver là, propices à la disparition de tout langage articulé, de toute image trop précise, si tant est qu’il me soit encore possible d’en convoquer, ou de celles qui s’offrent à mon regard dans la fenêtre toujours ouverte des réseaux infinis, avant que l’inconscient ne s’en mêle à son tour, et ne puise dans des marées sans fin la matière qui tourmente l’esprit lorsqu’il abandonne toute vigilance, et qui demeure elle-même du côté sombre et ignoré du Léthé, dans les limbes d’un arrière-automne persistant.

Blanc sur noir 1930 Kandinsky
© Blanc sur noir, Vassily Kandinsky (1930)

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